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Annuaire 2019 - Discours de la présidente

Discours de Sandrine FLEURY, Présidente du MEDEF Touraine, Annuaire 2019

 

Comment ne pas commencer cette intervention par le mouvement des « gilets jaunes », sujet d’actualité qui préoccupe toutes nos entreprises en cette fin d’année !

Sans parler de la Capitale, ce qui s’est passé samedi dernier en plein centre de Tours est intolérable. L’inquiétude est grande pour nos entreprises. Grande distribution et commerce sont en première ligne avec des baisses de chiffre d’affaires impressionnantes, Globalement, en Touraine, ce chiffre d’affaires, définitivement perdu, oscille entre 15 et 35 % en moyenne avec des pointes à plus de 60 % pour certaines enseignes et une forte baisse de la fréquentation des magasins.

Que dire également des heures perdues, des retards accumulés à cause de blocages sporadiques, rapidement évacués mais perturbant le bon fonctionnement des entreprises visées ? Commerce de proximité et grande distribution sont suivis de près par la logistique et le tourisme avec un effet domino sur le reste de l’économie évident. Il implique la quasi-totalité des entreprises à plus ou moins brève échéance.

A plusieurs reprises je suis intervenue auprès de Madame la Préfète pour que les services de l’Etat assurent la libre circulation des personnes et des biens sur le territoire. J’ai également demandé qu’ils accompagnent l’ensemble de nos entreprises ayant à connaître des difficultés de sous-activité avec des répercussions en termes de personnel et de trésorerie. Au plan national, le MEDEF a été entendu sur sa demande de réactivation de la cellule de continuité économique qui permet d’assurer la mise en œuvre de ces mesures.

Cette mobilisation des gilets jaunes, sur laquelle il ne m’appartient pas de porter de jugement, est néanmoins symptomatique de ce que notre MEDEF, dans son ensemble, dénonce depuis de nombreuses années : une France surendettée, qui consacre près de 57 % de son PIB à la dépense publique. Les impôts et charges français sont, pour la 3ème année consécutive, les plus élevés de l’Union Européenne avec en 2017 un taux de prélèvement sur le PIB de 48,4 % contre une moyenne de 40,2 % pour les pays de l’Union.

En gros, quand l’Etat prend 100 au contribuable, il dépense 130. Cette situation qui perdure année après année, pour laquelle des décisions drastiques sont sans cesse reportées, n’est plus tenable et explique en partie la grogne actuelle.

Permettez-moi de revenir à nos préoccupations tourangelles pour lesquelles votre MEDEF Touraine intervient ou agit pour le compte de vos entreprises. Elles sont nombreuses et pas toujours assez connues. Nombre de nos actions s’établissent en effet dans la durée et ont des répercussions diffuses sur le moyen ou le long terme.

 

Si notre rôle est également de vous accompagner dans votre quotidien d’entrepreneur,  notre Mouvement agit principalement dans l’intérêt collectif de l’Entreprise avec un grand « E », quelle que soit sa taille ou son secteur d’activité. Il ne nous appartient pas de défendre les intérêts sectoriels assurés par vos organisations professionnelles avec lesquelles nous sommes en lien.

C’est pourquoi, nous devons rassembler en Touraine, un maximum d’entreprises et de fédérations professionnelles locales pour assurer notre représentativité et promouvoir nos valeurs. Je comprends que certains d’entre vous puissent se sentir éloignés de nos actions par manque de temps, pris par vos préoccupations quotidiennes. Il n’en reste pas moins que votre soutien par votre adhésion et cotisation est nécessaire pour l’intérêt général de l’entreprise. Mes collègues administrateurs et moi-même ne pouvons représenter que nous-mêmes et avons besoin de vous tous dans notre sillage. Que ceux qui n’en ont pas le temps ou l’envie ne s’en fassent pas le reproche et nous quittent en arguant de leur non implication. Nous avons tout autant besoin d’eux. Vous êtes nos meilleurs prescripteurs et j’appelle chacun d’entre vous à nous signaler un collègue entrepreneur à venir nous rejoindre. Nous devons doubler, tripler nos effectifs. Ce sera le meilleur moyen pour nous d’être indépendants, de nous développer et nous faire entendre. 2019 constituera la prochaine base pour calculer  notre représentativité patronale. Il est donc plus que jamais nécessaire de faire grossir nos rangs !

 

Les fermetures industrielles locales font également parties de nos préoccupations. Des enseignes emblématiques disparaissent du territoire ou réduisent considérablement leurs activités. Pour ne citer qu’elles, Michelin, Tupperware en leur temps ; Sandvik aujourd’hui. A qui le tour ? Ceci sans compter toutes les petites entreprises qui disparaissent sans que personne ne s’en émeuve, qu’elles soient de l’industrie, du Bâtiment, des Travaux Publics… Nous ne pouvons accepter cet état de fait et regarder ce phénomène se poursuivre sans rien faire. Avec nos branches professionnelles concernées, nous devons agir pour inverser cette tendance.

Notre initiative « Touraine, Terre de Réussite » va dans le sens de l’attractivité de l’ensemble de nos territoires. Nous devons poursuivre et encourager ces actions. Aux côtés de la Métropole, des communautés de commune, du Conseil Régional, du Conseil départemental, des chambres consulaires, nous travaillons de concert pour mettre en place un marketing territorial qui sera opérationnel dans les prochains jours.

Il me parait indispensable d’aller au-devant des entreprises, notamment industrielles, susceptibles de s’installer sur l’Indre-et-Loire. Nous devons nous mettre très vite en ordre de bataille sur ce sujet vital pour le devenir de notre département, de ses entreprises et donc de l’emploi et de ses citoyens.

Actuellement, avec l’UIMM, nous restons vigilants à l’évolution du dossier Sandvik. Si des reclassements de personnel doivent intervenir, nous souhaitons que celui-ci puisse se former et être intégré dans les entreprises qui cherchent désespérément à pourvoir des postes. Nous vous avons sollicités pour connaitre vos offres d’emplois afin de centraliser cette information et la porter à la connaissance de nos élus locaux et représentants de l’Etat.

 

Ce sujet m’amène tout naturellement à vous faire état des difficultés que vos entreprises rencontrent dans pratiquement tous les secteurs en matière d’embauche et freinent leur développement.

A pareille époque l’an passé, je tenais des propos similaires sur ce thème majeur. J’aurais aimé ce soir pourvoir faire le constat avec vous que ces difficultés étaient conjoncturelles et désormais derrière nous. Malheureusement ce n’est pas le cas. Elles sont devenues structurelles et se sont même amplifiées.

Je souhaite avec vous partager ce soir mes inquiétudes à ce titre : nombre d’entre vous m’indiquent être contraints de  refuser des marchés ou des commandes faute de main d’œuvre disponible. Certains s’interrogent tout simplement sur  leur pérennité : des départs à la retraite non remplacés impliquant des savoirs-faire non transmis. La pénurie de main d’œuvre disponible,  compétente, voire simplement motivée est devenue le leitmotiv actuel.

Pourtant, en Touraine,  comme en région Centre-Val de Loire ou en France, le taux de chômage reste très élevé (entre 8 et 9%). Notre pays connait un chômage endémique qu’il n’arrive pas à endiguer, alors que les besoins d’embauche n’ont jamais été aussi criants ! C’est inacceptable !

Nous ne devons rien lâcher et continuer à chercher des solutions : Je peux vous assurer que c’est une priorité de notre Medef Touraine. Ainsi, nous soutenons l’initiative du MEDEF Centre-Val de Loire de travailler sur le dispositif du Plan d’Investissement Compétence (PIC) régional que je résume ainsi :

  • Mise en place de clubs, réunissant des chefs d’entreprise pour travailler sur des thèmes propres aux compétences et recenser leurs besoins
  • Possibilité de faire un travail interne à l’entreprise sur ce thème, par le financement pendant 6 mois d’un demandeur d’emploi, stagiaire de la Formation Professionnelle, via le dispositif ARDAN Centre.

Je vous rappelle par ailleurs que notre service emploi est à votre disposition, que nous participons très régulièrement pour votre compte aux différents forums de l’emploi et que nous en mettons nous-mêmes en place…. Nous relayons sans cesse les difficultés connues auprès des élus et représentants institutionnels sur l’ensemble du Territoire. Ainsi, à notre initiative, nous avons co-organisé avec la communauté de communes de Loches Sud Touraine, en novembre dernier, une réunion à Loches, consacrée principalement à l’emploi sur ce secteur. J’ai souhaité que nous reproduisions ce type d’évènement sur l’ensemble des bassins de Touraine. S’il est au cœur de nos préoccupations pour le mieux-être de nos territoires et de notre Société dans son ensemble, l’emploi cristallise autour de lui de nombreux facteurs que nous retrouvons sur chaque bassin : le maintien ou l’émergence des compétences, la formation, l’alternance, les mobilités, l’interconnexion des réseaux routiers, ferroviaires, internet et téléphonie, l’habitat…

Grâce à un lobbying sans relâche du MEDEF, le début de libéralisation du marché du travail français (Loi El Komhri, ordonnances travail…) a eu quelques impacts positifs sur l’emploi mais n’a pas encore fait totalement ses preuves.  Est-ce suffisant ? Ne faut-il pas aller au-delà et travailler les bases d’un contrat de travail unique ?

Le coût du travail baisse sensiblement mais reste encore trop élevé et, surtout, l’écart entre revenus d’activité et revenus issus des aides sociales est beaucoup trop faible. A la fin de l’été, nous avons vu un gouvernement « empêtré » par des contraintes d’équilibre budgétaire. La baisse des charges en remplacement du CICE est amoindrie avec le report de 4 points de charges sociales patronales au 1er octobre 2019. La tentation de faire supporter aux entreprises une partie du coût des arrêts maladie continue de planer, puisque nous avons obtenu un différé mais pas l’annulation.

N’oublions pas que la maitrise des différentes composantes du coût du travail (salaires et charges sociales afférentes) doit être le fer de lance de notre économie.

Dans un monde soumis à une grande agitation, les entreprises françaises doivent pouvoir être compétitives et surtout le rester. C’est une garantie de bon fonctionnement de notre Pays. Celle-ci entraîne un cercle vertueux avec davantage d’emplois et donc de rentrées fiscales et  sociales, un chômage en baisse, etc.. C’est la bonne méthode à suivre et, surtout, à expliquer sans relâche auprès de nos concitoyens.

 

En parallèle de ce sujet fondamental, nous devons mener d’autres actions pour permettre à vos entreprises de se développer, d’embaucher et donc de prospérer.

Ainsi, pour revenir sur notre département, nous allons régulièrement à la rencontre de nos élus locaux afin de partager nos visions, être au courant de leurs projets, les appuyer quand cela est dans l’intérêt des entreprises. Nous ne pouvons fonctionner de manière isolée. Nos rapports doivent être fréquents et directs. Leur rôle de décideurs est primordial et nous devons les éclairer sur certains sujets afin que nos entreprises soient impactées favorablement par leurs décisions. Les élus sont là pour fertiliser le terreau sur lequel les entreprises se développent, créant richesses et emploi au bénéfice du territoire.

Je prendrai pour exemple les infrastructures comme l’aéroport. Comment une métropole comme Tours pourrait-elle aujourd’hui s’en passer. C’est impensable. Au-delà de l’aspect touristique, nous ne pourrons maintenir des sièges sociaux ou en attirer d’autres que si nous avons des moyens de communication rapides et faciles d’accès.

Je ne pourrai toutes vous les citer mais nombre des actions que nous menons pour votre compte sont réalisées à l’aune de nos groupes de travail, actuellement au nombre de douze et qui œuvrent sur des thèmes très variés pour informer, accompagner ou sensibiliser vos entreprises. Comme vous le savez, ces commissions sont composées de dirigeants volontaires et bénévoles, qui s’impliquent pour le bien commun. Elles sont ouvertes à tous.

Je remercie d’ailleurs ici tous les membres actifs et leurs chefs de file. Merci également à notre équipe permanente qui les accompagne et leur fournit un soutien opérationnel.

Sur proposition du Bureau, votre Conseil d’Administration a décidé de davantage les structurer avec une charte de fonctionnement et de les recomposer pour une meilleure efficience. En 2019, ils passeront à huit par regroupement de thèmes qui continueront néanmoins d’exister. D’autres sujets seront traités ponctuellement en mode projet.

Afin de ne pas sur-solliciter toujours les mêmes personnes et d’apporter de nouvelles idées, nous ferons appel à votre volontariat pour y participer. La porte est ouverte et nous attendons d’ores et déjà vos souhaits de nous rejoindre.

Sans toutes les citer, rappelons que nous menons notamment des actions en faveur de la relation école / entreprise. Le sujet n’est pas nécessairement simple. Je vous proposerai d’ailleurs en 2019 une action phare incluant jeunes, familles, enseignants, en leur ouvrant nos entreprises. Soyons acteurs et forces de propositions afin de mieux faire connaitre nos entreprises !

 

Au-delà de nos actions quotidiennes, je voudrais évoquer un autre sujet de préoccupation majeur sur lequel nous sommes en prise depuis longtemps ici en Touraine. Il s’agit de la santé au travail. Au plan national, il est constant et universellement reconnu que le dispositif ne donne globalement pas satisfaction à nos entreprises qui, ne l’oublions pas, en ont la responsabilité juridique et financière. En revanche, elles n’ont pas la pleine liberté d’action et évoluent dans un système souvent opaque et très onéreux.

Lors des dernières universités d’été du Medef, notre président Geoffroy ROUX de BEZIEUX, rappelait que, parallèlement à la négociation sur l’assurance –chômage, un second chantier s’ouvrait  à nous : la réforme de la santé au travail. Il précisait  que le  MEDEF répondrait  toujours présent, dès lors qu’il s’agit de transformer des systèmes à bout de souffle, même si cela peut heurter certains intérêts ou habitudes. Y compris dans nos propres rangs.

L’objectif reste de transformer véritablement le dispositif à la hauteur des défis du pays.

 

Aujourd’hui le système présente  des faiblesses importantes : insatisfaction croissante des employeurs et des salariés vis-à-vis du service rendu par les services de santé au travail, pénurie de personnel médical (notamment les médecins) manque de pilotage et de coordination entre les différents acteurs, carcan réglementaire etc…

Parfois, certaines structures ont amassé des trésors de guerre sans aucune raison. Une fois de plus, l’Etat, toujours impécunieux, pourrait lorgner sur cette manne comme il l’a déjà fait pour le logement, la formation, le handicap, les chambres consulaires…

 

La santé au travail est  un enjeu majeur de performance pour les entreprises. Il est nécessaire d’en réaliser une refonte totale en respectant les spécificités liées à certains métiers.

Ayons l’ambition de disposer d’un outil nous permettant de passer d’une logique de sanction à une logique d’accompagnement, redonnons-nous  des marges de liberté.

 

Notre médecine du travail interprofessionnelle en Touraine connait certaines des difficultés que je viens d’évoquer et nous travaillons d’arrache-pied avec les autres organisations patronales mais aussi syndicales pour y remédier. Les négociations étant en cours, je ne peux vous en dire plus pour le moment mais espère pouvoir le faire prochainement.  

 

De nombreux autres dossiers nous attendent également. La réforme de l’assurance chômage en est un avec l’accompagnement des demandeurs d’emploi dans une optique d’incitation plus forte à la reprise d’activité et de développement des compétences. La situation d’endettement de l’assurance-chômage justifie par ailleurs de trouver les solutions permettant d’assurer la pérennité financière du régime.

 

Notre monde est dès lors soumis à des bouleversements de plus en plus rapides et profonds : développement des nouvelles technologies numériques et de l’intelligence artificielle, concurrence internationale accrue, environnement et réchauffement climatique, instabilité géopolitique, crise migratoire…

 

 

Les entreprises, habituées à s’adapter sont prêtes à relever ces défis et changements structurels mais ont besoin de disposer d’un environnement qui leur permette de le faire. Elles ne sont pas l’obstacle, elles sont la solution pour permettre à notre planète de poursuivre sa route dans des conditions acceptables pour l’humanité.

 

Le Mouvement des Entreprises de France est à la manœuvre en ce sens et je vais laisser à Dominique CARLAC’H  sa vice-présidente et porte-parole le soin de vous évoquer plus spécifiquement ces thèmes nationaux. Auparavant, je voudrais citer Geoffroy ROUX de BEZIEUX, qui, lors de son discours d’ouverture de l’Université d’été 2018 indiquait : «Aujourd’hui ce sont les entrepreneurs qui changent le monde ! c’est Vous ! c’est Nous ».    

 

Aussi, soyons acteur de notre réussite. Je compte sur vous comme vous pouvez compter sur moi !