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AG 2019 - Discours de la Présidente

     

     

    Mesdames, Messieurs, chers adhérents, chers invités,

    Je suis très émue par l’honneur que vous venez de me faire en me confiant un 2eme mandat en tant que présidente du  Medef Touraine et vous remercie, chers adhérents.

    Je ferai tout pour en être à la hauteur. Je suis fière de vous représenter, vous, chers amis entrepreneurs. J’ai à cœur d’être votre porte-parole.

    A ce titre, je me permets de partager avec vous ce soir quelques sujets d’actualité nationale ou locale en lien avec nos entreprises. Des attentes, des interrogations, des incompréhensions parfois émanent de ces sujets.

     

    Il est primordial de revenir sur la préoccupation majeure des entrepreneurs français : les difficultés de recrutement, connues dans beaucoup de secteurs, malgré un taux de chômage  élevé en Touraine comme en France. La part des recrutements jugés difficiles est passée de 32% en 2016 à plus de 50% en 2019.

    J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer ce sujet dans mon discours relatif à mon nouveau programme.

    Cette situation qui perdure  est inacceptable et insupportable. Un découragement voire une fatalité semble s’être établie. Des entreprises sont parfois amenées à refuser des commandes faute de main d’œuvre. On marche sur la tête !

    Différentes réformes et dispositifs ont été mis en place et sont opérationnels. Toutefois, ils semblent insuffisants.

    Nous attendons dans quelques semaines  la réforme de l’assurance chômage.

    Malgré les concertations entreprises par le Ministère du travail, le résultat final semble écrit depuis longtemps. Nous avons notamment défendu, dans les négociations, une modification des règles d’indemnisation des demandeurs d’emplois afin de réaliser des économies substantielles  et inciter peut être  certaines personnes à retrouver un emploi plus rapidement.

     Malheureusement, cette négociation entre partenaires sociaux  a échoué sur ce sujet. Le contexte du mouvement des gilets jaunes a entravé cette négociation qui était vouée à l’échec. Le gouvernement a donc repris la main et les négociations afférentes.

    Si la modification des modalités d’indemnisation semble aller dans le bon sens, la mise en place du bonus-malus des cotisations  va probablement  être catastrophique pour certaines de nos entreprises, tant en terme de lisibilité et compréhension qu’en terme d’embauches.

    Je ne suis pas certaine que l’ensemble des entrepreneurs ait compris que demain il existerait peut être  une  majoration de la  cotisation chômage lorsqu’un salarié utiliserait ses droits à indemnisation y compris en cas de rupture conventionnelle.

    Le chemin de la pénalisation des entreprises semble se dessiner alors que nous avions proposé  une voie d’accompagnement (via la formation par exemple) auprès des salariés subissant ces contrats courts.

     

    Une mobilisation nationale va être déployée sur  l’ensemble des territoires pour l’emploi et la transition écologique et numérique conformément aux orientations fixées par le Président de la République. Nos entreprises en Touraine, à juste titre, vont être sollicitées et s’investiront certainement  sur ces sujets.  Toutefois, l’accord doit être gagnant-gagnant. Or cela ne me semble pas le cas avec le bonus-malus. Vous ne pouvez pas d’un côté solliciter les entreprises et de l’autre côté les sanctionner.

     

     

    Dans les réformes à venir, devrait intervenir celle relative à la santé au travail qui impactera ses services, les salariés et nos entreprises.

    Il faut reconnaitre que les services de santé au travail connaissent parfois des dysfonctionnements importants, avec le sentiment de payer des cotisations, des visites dont les montants semblent décorrélés du service réellement rendu à l’entreprise. Et que dire des visites non réalisées dans les délais légaux faute de personnel de santé !

    La réforme est nécessaire mais elle doit se faire en concertation avec les différents partenaires. A nouveau, il semblerait que la feuille de route soit déjà écrite par le gouvernement avec un semblant de concertation.

    Nous avons malheureusement par le passé entendu cette chanson. Le refrain semble être une étatisation du système et des cotisations sociales afférentes, avec un taux compris entre 0.40% et 0.80% de la masse salariale.

    Mesdames et Messieurs, je vous laisse le soin de faire un calcul pour vos entreprises.

    Vouloir intégrer la santé au travail de la fonction publique semble nécessaire mais pas par un financement direct des entreprises privées.

    Certaines associations peuvent disposer de quelques réserves financières. La tentation de récupérer ces mânes par les pouvoirs publics pourrait être forte. Dois-je rappeler que ces réserves appartiennent indirectement aux entreprises ? Dans l’hypothèse  de disparation des entités juridiques support de la santé au travail, il serait normal de redonner cet argent à qui de droit.

    2019 devrait enfin voir aboutir le projet de fusion des deux services de santé au travail sur notre territoire. Pour mémoire, on parlait de ce projet de rapprochement déjà en 2012. Des rebondissements à ne plus en finir ont eu lieu. J’espère qu’il n’y en aura plus. Je reste très vigilante sur ce sujet.

    Même si cela peut s’apparenter à un vœu pieux de ma part, je souhaite qu’en Touraine nous ayons un service de santé au travail, qui fonctionne bien à un coût raisonnable, permettant d’apporter de véritables services aux entreprises adhérentes.

    Pour cela il sera nécessaire de trouver des chefs d’entreprises prêts à s’engager sur ce sujet. Je remercie ceux qui le sont déjà et sont très impliqués. A nouveau nous aurons besoin de forces vives pour véritablement agir dans l’intérêt de nos salariés et entreprises.

    Dans le discours de politique générale d’hier, Edouard Philippe a évoqué le projet de réforme des retraites.

    Entre 1970 et 2015, l’espérance de vie en France a progressé de 10 ans (un peu plus de 82 ans). Le temps passé à la retraite a donc logiquement augmenté également. La durée de vie moyenne à la retraite en France est de 27 ans, soit 7 de plus qu’aux USA et 4 de plus qu’en Allemagne. La France a un âge légal de départ à la retraite des plus bas d’Europe (pour rappel 62 ans).

    Le ratio cotisant/retraité diminue régulièrement depuis 1945. A l’époque nous avions 6 cotisants pour 1 retraité. En 2000 ce ratio est de 2 pour 1.

    Vous comprendrez que si nous ne faisons rien, nous irons droit dans le mur dans quelques années.

    Il est donc nécessaire de reporter l’âge de départ à la retraite. Ce report doit être couplé d’un accompagnement de l’emploi des séniors afin d’être efficace.

    Le gouvernement souhaiterait regrouper l’ensemble des régimes de retraite (plus d’une quarantaine).

    Nous ne sommes pas contre cette idée de simplification. Toutefois, une vigilance sera apportée sur les modalités.

    Regrouper les régimes actuels en un régime universel pourrait signifier mettre toutes les ressources en commun. Ainsi, certaines caisses de retraites gérées en bon père de famille avec des excédents (par exemple AGIRC ARCCO ou caisse de libéraux)  pourraient voir ces derniers disparaitre et servir  à combler des régimes de retraite laxistes et déficitaires.

    Il est nécessaire de rapprocher les règles des régimes avant de les fusionner (âge du départ à la retraite, assiette de cotisations par exemple).

     

     

    La fin de l’année 2018 et le 1er semestre 2019 ont été marqués par le mouvement des gilets jaunes en France. La Touraine et nos entreprises  ont été  impactées par ces évènements (perte de chiffre d’affaires, difficultés de trésorerie, dégradations …).

    En décembre 2018, le président de la République a annoncé un premier train de mesures visant à améliorer le pouvoir d’achat des classes les moins favorisées.

     Nous comprenons aisément les fins de mois difficiles vécus par certains de nos concitoyens.

     Les entrepreneurs français partagent également ce ras le bol ressenti au quotidien puisqu’ils le vivent depuis des années sur le plan des prélèvements obligatoires. N'oublions pas  que les entreprises françaises sont au sein de l'OCDE celles qui supportent le plus d'impôts et de charges.

    Le coût total de ce premier train de mesures était de l'ordre de 10 à 11 milliards d'euros.

    Concernant la prime dite de « pouvoir d’achat », en Touraine, ce sont 75 % d’entre-vous qui ont déclaré l’avoir versée. Ce pourcentage est de 60 % pour les TPE, de 78 % pour les PME de 11 à 249 salariés et de près de 100 % au-delà. Le montant moyen réglé est de 472 € par salarié, soit légèrement supérieur à la moyenne nationale qui est de 450 €.

    Enfin, toutes confondues, vos entreprises ont estimé pour 89 % des cas que cette prime totalement défiscalisée et désocialisée était une bonne chose. Les entrepreneurs ont donc bien répondu présents alors que rien ne les y contraignaient.

     

     

    Simultanément, Emmanuel Macron lançait le grand débat national qui s'est déroulé jusqu'à la fin du mois de mars 2019.

    Avec les trois chambres consulaires nous vous  avons convié à participer à ce grand débat et des propositions ont été faites.

    Le 25 avril, le Président de la République conclut par une conférence de presse à l'Elysée au cours de laquelle il annonce une baisse de 5 milliards d'euros d’impôt  sur le revenu. Dans son discours de politique générale d’hier, le Premier Ministre a évoqué une baisse moyenne de 350 € / foyer pour la tranche à 14 % du barème de l’impôt sur le revenu et de 180 € sur celle à 30 %. 15 millions de foyers fiscaux seraient concernés.

    Il disait hier, dans son discours « nous avons reçu 5 sur 5, fort et clair, le message d’exaspération fiscale. Les impôts des ménages baisseront de 27 milliards sur le quinquennat ».

    Je pense que notre premier ministre n’a pas compris que l’exaspération allait au-delà des ménages et a oublié les entreprises.

    Bref, 16 milliards d’euros accordés en 6 mois de temps financés, non par la production de nouvelles richesses mais par le déficit public ou bien par les entreprises (suppression des fameuses niches fiscales).

     

    Ah les fameuses niches fiscales qui sont soit disant des cadeaux faits aux entreprises. Faux, archi Faux, elles ne sont  que la résultante de corrections d’une fiscalité pénalisante notamment pour certains secteurs.  Rétablissons la vérité !

     

    A nouveau, les entreprises vont être mises à contribution pour financer les dépenses publiques. Le projet de s’attaquer aux déficits publics français chroniques depuis plus de 40 ans est, une fois de plus, reporté aux calendes grecques.

    La France est dans l’impasse budgétaire.

     

    Le climat de confiance entre les entrepreneurs et le gouvernement semble s’étioler depuis quelques mois.

    Une incertitude s’instaure  et amène à se poser la question de savoir si le gouvernement, dans sa réponse à la crise, n'est pas en train de changer de politique. On a eu des mesures dites pro-entreprises, il ne faut absolument pas changer de cap !

     

    Un entrepreneur investit et embauche s’il anticipe que les conditions d’exercice de son activité ne vont pas changer.

     

     

    Il y a quelques semaines, les élections européennes ont eu lieu. Je ne reviendrai pas sur les résultats de cette élection. Le Medef, dont le Medef Touraine, n’a pas pour vocation de faire de la politique. Il reste toutefois en lien avec les élus car nos entreprises sont impactées en leur quotidien par un nombre important de décisions politiques prises.

    Il semble indispensable, au niveau européen, qu’une souveraineté économique soit mise en place, avec un volet fiscal et social. Nos entreprises tourangelles savent depuis longtemps que leur terrain de jeu est l’Europe voire le monde.

    Celles et ceux présents ce soir et adhérents du MEDEF Touraine ont fait le choix de se regrouper via notre mouvement pour parler d’une seule voix de l’entreprise. Si certains d’entre eux se posent encore la question de ce à quoi sert le MEDEF, c’est d’abord à cela. Ils savent que l’union fait la force et j’invite ceux qui ne l’ont pas encore fait à venir nous rejoindre !  Il faut faire de même avec l’Europe afin d’avoir cette capacité de répondre aux USA et à la Chine principalement.

     

    En 2020 les élections municipales interviendront. Par  leurs actions, les élus locaux contribuent à fertiliser  le terreau qui facilitera la création  et le développement des entreprises. Il est important de souligner que leur gestion budgétaire  et financière a également un coût pour nos entreprises.

    La fiscalité locale  (impôts fonciers, CFE, CVAE, versement transport)  payée par les entreprises représente un montant  de 47 milliards d’euros en 2016 et  est supérieure aux recettes émanant de l’impôt sur les sociétés. Elle progresse sans cesse depuis des années.

     En région CVDL c’est  2 700 euros par salarié payés par l’entreprise. Elle augmente également chaque année (environ 3% par an soit une progression supérieure au taux d’inflation).

    Trop de prélèvements découragent le travail et les initiatives !

     

     

    La situation économique, fiscale, sociétale (par le mouvement des gilets jaunes) et politique française nous a conduits au sein du Medef Touraine à vous proposer ce soir une conférence au titre évocateur : « Les entreprises face au défi du partage de la Valeur Ajoutée ».

    Depuis plusieurs mois, nous pouvons entendre via des sondages, les médias des propos contradictoires sur la création et le partage des richesses.

    Le Rôle du Medef Touraine est également de vous proposer des temps de réflexion, d’échanges et d’informations sur ces sujets majeurs pour vos entreprises.

    Le partage de la valeur ajoutée nous semble en faire partie. Preuve que le sujet est d’actualité puisqu’hier, à l’occasion de la remise au ministre de l’Economie et des Finances du rapport sur l’intéressement et la participation, le Medef a salué des propositions qui vont dans le sens du soutien à un meilleur partage de la valeur ajoutée, en particulier au sein des TPE et PME.

     

    Je conclurai en  soulignant qu’il est impératif de mettre en place une croissance économiquement et écologiquement responsable mais aussi socialement inclusive. Elle permettra de réconcilier les intérêts du travail et du capital, d’assurer une vraie cohésion sociale, de garantir et de consolider notre modèle démocratique.

    Je vous remercie.